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Neurologie générale

Publié le 09 avr 2009Lecture 5 min

Troubles de la mémoire sémantique

C. BENOLIEL, Fondation de Rothschild, Paris
D’après une conférence de Olivier Moreaud, CH de Grenoble et Serge Belliard, CH de Rennes aux rencontres de Gérontologie Pratique
Qu’est-ce que la mémoire sémantique ? La mémoire sémantique est considérée comme un système permettant le stockage et la récupération des informations sur les objets et les personnes. Elle regroupe les connaissances générales non personnelles comme le sens des mots, les savoirs sur les objets… Elle est indispensable pour la dénomination et la compréhension des mots, ainsi que pour l’identification des objets et des personnes. Les connaissances sémantiques sont distribuées sur les cortex impliqués lors de l’apprentissage. Il y a néanmoins des régions dans le cerveau qui sont essentielles à la récupération de l’ensemble des informations, et ces régions sont situées dans le néocortex temporal, en particulier dans le néocortex temporal gauche. Troubles de la mémoire sémantique Un symptôme clé : le manque du mot Si des étapes successives sont nécessaires à l’identification et à la dénomination d’un objet, leur perturbation est responsable de déficits très différents (figure). Le manque du mot peut résulter : – d’un mauvais accès au nom, alors que la cible est identifiée (aphasie) ; – d’une mauvaise identification de la cible : Il peut s’agir d’une agnosie aperceptive (perception non correcte, copie impossible), d’une agnosie associative (perception correcte, pas d’accès aux connaissances à partir de l’image) ou de troubles sémantiques (perception normale, pas d’identification de la cible dans toutes les modalités). Caractéristiques générales La constance des troubles d’un moment à un autre et d’une modalité à une autre chez un même patient traduit le fait que les connaissances sémantiques perdues le sont définitivement. Les performances sont identiques à partir du nom et de l’image, et éventuellement à partir d’autres modalités de présentation. Il y a un effet de fréquence personnel (l’identification des items est d’autant meilleure que le patient est en contact régulier avec eux). Il y a une perte des propriétés spécifiques avant les propriétés générales (exemple : la propriété spécifique de l’éléphant (« a une trompe ») perdure plus que la propriété générale « est un mammifère »). Quand suspecter un trouble de la mémoire sémantique ? Les éléments qui orientent • La nature de la plainte du patient C’est un patient qui cherche ses mots et quand on discute avec lui, manifestement il ne sait plus ce que certains mots veulent dire ; il existe aussi une difficulté à identifier les personnes, et s’il ne s’en plaint pas lui-même, c’est son entourage qui évoque les difficultés non seulement à dénommer des personnes, mais aussi à les identifier. • Le contenu du discours En général, le discours est assez fluide, assez aisé, mais on repère de temps en temps des erreurs sémantiques sur les mots. Les données de l’examen neuropsychologique • Les épreuves de dénomination utilisant des items peu fréquents (personnes célèbres, animaux et fruits exotiques) sont assez sensibles aux troubles, même débutants. Elles mettent en évidence un manque du mot non facilitable (donner le contexte ne permet pas de retrouver le mot) et des paraphasies sémantiques (si l’image représente un éléphant, il utilise le nom d’un autre animal qui ressemble à l’éléphant). Ce déficit de l’identification concerne les mots concrets et épargne les verbes en général. • L’écriture des mots irréguliers met en évidence une dysorthographie de surface (ex : « Baptême : banème »). • Lors des épreuves de fluence verbale, la fluence catégorielle et sémantique (donner le maximum de mots qui appartiennent à une catégorie donnée) est abaissée par rapport à la fluence formelle alphabétique (donner le plus grand nombre de mots qui commencent par une lettre donnée). • Les performances au MMSE sont subnormales si les troubles sont isolés et peu sévères, mais elles chutent lorsque les difficultés de compréhension deviennent importantes. • Les épreuves de mémoire verbale (5 mots, RL/RI16) sont perturbées, avec des difficultés à encoder, comprendre, catégoriser et récupérer les informations. Par ailleurs, des batteries d’évaluation des connaissances sémantiques sont en cours d’écriture. Quelles pathologies vont générer des troubles de la mémoire sémantique ? La démence sémantique C’est une affection dégénérative relativement rare touchant l’adulte vers 50- 70 ans. Son tableau associe des troubles de la compréhension des mots et/ou de l’identification des personnes à une normalité de la mémoire épisodique, ainsi que des capacités perceptives (il peut dessiner les objets qu’il ne reconnaît pas) et phonologiques (il répète le mot mais cela ne débouche pas sur une compréhension). Les critères diagnostiques de démence sémantique les plus utilisés sont ceux du consensus de 19981 (encadré). Dans le cadre du groupe de réflexion sur les évaluations cognitives (Greco), un groupe de travail a proposé de nouveaux critères (2). La maladie d’Alzheimer Au cours de la maladie d’Alzheimer, la désorganisation des connaissances sémantiques survient dès la phase légère et modérée, mais les troubles associés (perceptifs, attentionnels, fonctions exécutives…) rendent rapidement difficile l’évaluation de la mémoire sémantique.

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