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Alzheimer et Démences

Publié le 23 nov 2008Lecture 3 min

Maladie d’Alzheimer : l’avenir en bleu ?

Dr Laurence Hugonot-Diener (Medforma-Paris)
Rember (méthylthiominium ou bleu de méthylène) a montré sa capacité à dissoudre les filaments de protéine tau et à prévenir leur agrégation dans des modèles animaux de maladie d’Alzheimer (MA). Les résultats des premiers essais de ce produit chez l’homme ont été présentés par C. Wischik (Université d’Aberdeen, Royaume-Unis).
L’étude randomisée menée en Grande-Bretagne et à Singapour (tous les patients étaient anglophones) avait pour but d’évaluer en double aveugle versus placebo l’efficacité de plusieurs doses de Rember chez des patients atteints d’une maladie d’Alzheimer (MA) légère ou modérée (n=321), selon les critères diagnostiques classiques. Trois doses ont ainsi été testées : 30 mg, 60 mg, ou 100 mg x 3/jour avec des évaluations cognitives et comportementales tous les 6 semaines (critère principal : ADAS-cog, et critères secondaires : MMSE, CDRsb, CGIC, ADFACS et NPI) . Une évaluation des structures cérébrales par SPECT et PET-scan a été réalisée à 6 mois. Les patients déjà traités pour leur état démentiel étaient exclus.  A 24 semaines, une amélioration cognitive globale a été rapportée chez les patients traités par Rember, surtout à la dose de 60 mg chez les patients modérément atteints (p=0,0014). A 50 semaines, Rember a permis de stabiliser la progression des symptômes en cas de MA légère et de MA modérée. Globalement, l’ADAS-cog a diminué de 6,8 dans le groupe Rember versus une augmentation de 7,8 dans le bras contrôle (p<0,0001). Selon les auteurs, Rember a permis de réduire de 81 % la progression de la dégradation des fonctions neurologiques et pourrait même améliorer les stades très précoces et précliniques de la maladie. Cette efficacité se confirme à 84 semaines (étude en ouvert): les données dans le groupe des patients ayant reçu 30 mg n’ont pas été présentées, mais les patients du groupe 60 mg semblaient stabilisés. Selon les auteurs, les résultats étaient plus pertinents lorsque l’analyse était faite en fonction des stades de Braak plutôt qu’en fonction du stade clinique (léger ou modéré). Les résultats en imagerie vont dans le même sens que les données cliniques avec un effet plus marqué dans les régions où l’agrégation de la protéine tau est la plus importante (hippocampe et cortex entorhinal). Ces données sont très prometteuses, mais certaines limites méthodologiques doivent être soulignées. En premier lieu, cette étude n’a pu être réalisée véritablement en aveugle puisque les patients qui prenaient le produit actif « pissaient bleu-vert » et avaient même parfois, le blanc des yeux teints en bleu ! (un placebo ayant ce même effet n’ayant pas été trouvé). De plus, l’analyse en intention de traiter ne semble pas complètement « transparente » : les effectifs varient en effet quelque peu selon les présentations. Enfin, il serait important de montrer que ce produit passe bien la barrière méningée (ce qui a été très discuté) et d’objectiver à nouveau son effet anti-agrégant Tau. Au total, une étude à plus grande échelle en phase III avec un « vrai » double aveugle devra vérifier ces résultats.

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