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Alzheimer et Démences

Publié le 19 mai 2008Lecture 3 min

Maladie d’Alzheimer et presbyacousie : coïncidence ou relation de causalité ?

Dr A. Londero
La maladie d’Alzheimer est reconnue comme l’un des grands problèmes médicaux actuels. On dénombrerait, déjà, 800 000 personnes atteintes en France et le nombre de nouveaux cas sera supérieur à 150 000/an compte tenu du vieillissement de la population. En 2007, la maladie d’Alzheimer a été désignée comme grande cause nationale compte tenu des enjeux majeurs de santé publique induits par sa prise en charge et son dépistage dans les années futures. La récente mise en évidence récente d’une possible corrélation entre le risque de survenue de démence neurodégénérative chez les personnes âgées et la présence d’un déficit auditif (presbyacousie) pourrait apporter un nouvel éclairage physiopathologique et d’intéressantes perspectives dans un arsenal thérapeutique pour l’instant peu développé. C’est en effet ce que semble révéler l’étude « AcouDem » menée à l'initiative du Groupe de Recherche Alzheimer Presbyacousie (GRAP) entre août 2004 et février 2007.
Cette étude a recruté 319 personnes de plus de 75 ans (âge moyen 85 ans), vivant en institution depuis au moins un mois, parmi lesquelles environ 40 % se plaignaient d'une presbyacousie responsable d’une gêne auditive fonctionnelle et 61 % de troubles cognitifs et mnésiques. Selon les résultats de ce travail, les sujets presbyacousiques de plus de 75 ans ont deux fois plus de risque de souffrir de démence que ceux qui entendent correctement (OR : 2,48 ; IC95 % : 1,54-3,99). On ne retrouve en effet que 52 % d'états démentiels dans le groupe de sujets ne se plaignant pas de déficit auditif fonctionnel alors que ce chiffre passe à 72 % chez les patients plus sévèrement hypoacousiques. Ces chiffres pourraient indiquer un lien de causalité entre presbyacousie et démence. Le défaut d’information auditive, en privant le système nerveux central d’une entrée sensorielle primordiale, pourrait induire isolement familial et social, troubles du comportement ou de l’humeur, et être responsable de l’installation et/ou de la rapide dégradation des capacités cognitives et mnésiques. Cependant cette étude ne permet d’exclure de façon formelle une simple coïncidence ou un biais de recrutement. Cette hypothèse doit donc encore être validée par une étude cas-témoin ou bien par une étude prospective analysant l’efficacité d’une prise en charge audioprothéthique dans le risque de survenue d’une maladie d’Alzheimer (ou pour le moins dans le ralentissement de son évolution). Il convient également de souligner qu’une démarche préventive de ce type n’aurait de sens que débutée très tôt (avant la dégradation des capacités cognitives), dans le cadre d’un abord orthophonique et audioprothétique global (guidance pour l’utilisation des prothèses, rééducation auditive, etc.), pour optimiser les phénomènes de neuroplasticité cérébrale. C’est l’objectif que s’est fixé le GRAP pour les années à venir.

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