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Neurologie générale

Publié le 09 juin 2009Lecture 3 min

Les effets sur le cerveau des explosions en Irak (ou ailleurs…)

Dr Christian Geny
Comme les images télévisuelles nous l’ont montré, les soldats américains sont soumis quotidiennement à des attaques plus ou moins spectaculaires : tirs de snippers ou explosion (blast). En raison de l’évolution des techniques de protection (Kevlar) mais aussi du type de conflit, les lésions par blast sont devenues plus fréquentes que les lésions pénétrantes par balles. Vingt-deux pour cent des militaires revenant d’Irak ou d’Afghanistan ont eu un trauma crânien et 69 % d’entre eux ont été victimes d’une explosion ou d’un équivalent. Ces patients ont une plainte variée : troubles de mémoire ou de l’attention, irritabilité, dépression, anxiété, céphalées, vertiges, insomnies. Les conséquences cérébrales de ces traumas par explosion étaient mal expliquées en raison notamment de la normalité de l’imagerie anatomique classique.
Une équipe du Defense and Veteran Brain Injury Center (Washington, DC) a présenté une étude originale évaluant les effets des explosions (blast) sur la structure cérébrale en utilisant une imagerie par tenseur de diffusion. Cette technique permet de quantifier la désorganisation structurale des fibres myélinisées dans l’encéphale. A partir de cette séquence, deux paramètres peuvent être calculés : le coefficient de diffusion apparent (ADC) et la fraction d’anisotropie (FA). Le coefficient de diffusion apparent est une mesure de la vitesse de diffusion des molécules d’eau. Il est diminué à la phase aiguë d’un accident vasculaire cérébral et augmenté en cas de désorganisation des fibres. Un deuxième paramètre calculé, la fraction d’anisotropie (FA), mesure l’uniformité de la direction des mouvements de diffusion des molécules d’eau dans les 3 axes. Dans cette étude, les auteurs ont utilisé cette technique chez 3 catégories de sujets : « trauma crânien par impact » (n=29 ; âge moyen 30,4 ± 9,1 ans, dont 21 avec perte de connaissance, « trauma crânien par blast » (n=10 ; âge moyen 24,7 ± 4,5 ans, dont 7 avec perte de connaissance, et sujets contrôles (n=12 ; âge moyen 24,9 ± 7 ans). Tous les paramètres testés se sont avérés perturbés dans les 2 populations de sujets ayant subi un trauma crânien. Chez les patients avec un TC par blast, il existait une réduction de la FA, avec un aspect « poivre et sel ». Cette diminution surprenante du coefficient de diffusion peut être en rapport avec une inflammation persistante du système nerveux central. Les résultats de cette étude ont des conséquences humaines et médicales importantes. Elles permettent que les plaintes « subjectives » exprimées par les vétérans soient enfin reconnues comme les conséquences d’une atteinte « organique » et donc comme préjudice. Enfin, ils devraient permettre de considérer d’un œil nouveau le syndrome dit « subjectif » des traumatisés crâniens. On attend avec impatience que ces techniques d’IRM soient entièrement maîtrisées pour explorer les nombreux patients avec ce type de symptomatologie.

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