publicité
Facebook Facebook Facebook Partager

Neurologie générale

Publié le 19 juil 2009Lecture 3 min

L'anorexie mentale tardive

M.-P. PANCRAZI, Paris
Pathologie presque exclusivement féminine, l’anorexie mentale est connue depuis le Moyen Âge (Catherine de Sienne). Lassègue en 1874, décrivant cette pathologie, signale les interactions familiales ; Freud, un peu plus tard, fait un rapport avec la mélancolie.
L’anorexie mentale en bref… Le rapprochement est actuellement fait avec les pathologies addictives (dépendance physiologique), avec une prévalence narcissique. Il y a une altération de l’image du corps qui est associée à un déni des troubles : extrême maigreur, aménorrhée, désordres hormonaux, ostéoporose, carence vitaminique, peau sèche… L’alternance boulimie-anorexie touche 50 % de la population concernée (parallèle possible avec les troubles bipolaires), et il s’agit surtout d’une des psychopathologies les plus mortelles (20 %). Il y a une extrême jouissance à maitriser son corps, un corps fétiche que l’on exhibe, avec un clivage corps-esprit, mais une hyperactivité de l’un comme de l’autre : surinvestissement intellectuel et activités physiques intenses. Le contrôle drastique du corps vient à l’appoint de l’impossibilité de contrôler autre chose. La sexualité est récusée, telle Elisabeth d’Autriche et sa phobie de la sexualité. Autour de l’acte de manger, il y a tout un rituel qui est installé, l’obsession alimentaire devient une conviction délirante qui permet également de manipuler l’entourage. Il y a pouvoir sur soi et aussi pouvoir sur l’autre. L’hypothèse de personnalités « as if », ou de personnalités « états limites » est valables pour environ 40 % des cas (études britanniques). L’anorexie est associée à un histrionisme, à des comportements phobiques (notamment dysmorphophobies), à des pratiques d’automutilation. Dans les pays développés, c’est une maladie en forte augmentation depuis les années 60. Les statistiques donnent 1 à 4 femmes sur 1 000. Il y a une prégnance des modèles sociaux et familiaux. L’image du corps (y compris fantasmatique) n’est possible que par et dans le regard des autres. Il y a une transmission mère-fille, mais aussi le regard du père et l’image du corps qui autorise ou non un investissement libidinal. Dans certains cas, le modèle psychosomatique prévaut dans l’identité familiale. Dans d’autre cas, il y a anorexie « sacrificielle » dont le rôle est de maintenir l’unité et la cohésion de la famille. La question de troubles de l’identité repose sur un fond dépressif, de carence affective, mais également un état posttraumatique dû à des violences sexuelles. Anorexie mentale et avancée en âge Il y a des moments de la vie où la fragilité narcissique devient une faille. Ce sont les périodes où le corps est modifié (puberté, naissance, ménopause…) et les expériences de perte (retraite, deuils), ainsi que la vieillesse où l’image du corps est entamée. Il existe très peu de boulimie tardive, surtout des anorexies tardives qui sont en fait des anorexies résurgentes. Il y a eu des épisodes antérieurs, le vécu est réactivé. Dans la vieillesse, l’investissement libidinal du corps est improbable. On trouve également de plus en plus véhiculées des valeurs adolescentes au niveau du corps chez des femmes de 40, 50 ans (feuilletons télé). Le corps est mis en scène, il n’est pas mis en mots. La prise en charge est difficile, car il n’y a pas de demande, ou alors sur autre chose, des demandes tronquées, ou venant surtout de l’entourage. Les aspects psychodynamiques mobilisent les ressources et sont encourageants. La psychomotricité donne de bons résultats. Le tout est de comprendre qu’il y a plusieurs façons d’assurer sa féminité…

Attention, pour des raisons réglementaires ce site est réservé aux professionnels de santé.

pour voir la suite, inscrivez-vous gratuitement.

Si vous êtes déjà inscrit,
connectez vous :

Si vous n'êtes pas encore inscrit au site,
inscrivez-vous gratuitement :

Version PDF

Articles sur le même thème

Vidéo sur le même thème